Corona hat uns vom Imperativ der Kultur befreit
Austausch mit Pius Knüsel und Nathalie Benelli über Kultur, Corona, und anderes… Erschienen im Walliser Bote, 6. Oktober 2021
Austausch mit Pius Knüsel und Nathalie Benelli über Kultur, Corona, und anderes… Erschienen im Walliser Bote, 6. Oktober 2021
Il y a certains événements qui se déploient doucement, ni vus ni connus, mais qui soudain sont là, bien campés dans le paysage culturel d’une région et qui, grâce à une inventivité déconcertante, rayonnent soudain bien au-delà des frontières cantonales… Le palp festival fait partie de ceux-là. Au moment où le palp reçoit le Prix culture et économie de l’Etat du Valais, prenons le temps de décrypter les recettes de cet ovni au sein de la vie culturelle romande et dans quelle mesure son inventivité pourrait devenir exemplaire.
Imaginons le palp évalué par une brochettes de spécialistes en management culturel et en économie régénérative : il est assez certain que toutes les cases seront au vert : des projets participatifs à la valorisation de l’économie locale, en passant des projets artistiques et culturels décalés, jouant avec les clichés traditionnels sans pourtant trahir les spécificités culturelles, des spectacles intimes ou grands publics, et des recherches sur la réactivation de pratiques agricoles traditionnelles, le palp déploie au cours de l’été toute une brochette de manifestations sur l’ensemble du territoire valaisan ; son public est diversifié et dépasse largement les frontières cantonales, suscitant l’enthousiasme des milieux touristiques et même de Présence suisse, dont l’engagement est un signe qui ne trompe pas. Quelle est la recette du palp ? Il serait réducteur d’essayer de saisir en quelques lignes l’histoire, le développement et l’ADN d’un festival mais l’attribution du Prix culture et économie de l’Etat du Valais mérite que l’on s’y attarde. Entre autres pour que nous puissions en tirer des leçons et y voir l’opportunité de revoir certains des fondements qui règlent aujourd’hui la politique culturelle suisse. A l’heure où la globalisation nous emmène dans un tourbillon de références internationales, balayant souvent au passage ce qui constitue nos traits culturels distinctifs, le palp a compris que du patrimoine revalorisé, sous ses formes les plus diverses et décalées, émane une force symbolique, qui réconforte, nous rend un peu plus fier de notre histoire, mais à une condition : que ce patrimoine vive et se régénère, que des interstices puissent apparaître pour que l’innovation et une bonne dose de folie s’y glissent.
« Dans les rêves », publication sur les projets réalisés, palp festival, 2021
Lorsque le patrimoine taquine la création contemporaine
Avec une majeure partie de son programme dédié aux musiques actuelles, qu’il s’agisse du rock, de l’électro, pop etc. le palp ne se contente pas de programmer des artistes dans un lieu-dit comme le font la majorité des festivals ; il inscrit chaque œuvre musicale dans un paysage culturel particulier, bâti ou naturel, façonné par l’homme depuis des temps immémoriaux. Ainsi la chanteuse Pomme s’est-elle produite dans ce qu’on appelle la Combe d’enfer à Fully, un amphithéâtre naturel, aménagé en vignoble depuis des siècles, structuré par des murs en pierre sèche, où Marie-Thérèse Chappaz, célébrissime vigneronne valaisanne, cultive son vin bio. Le public, installé dans la combe, déguste une musique qui déploie ses sonorités dans ce paysage aménagé pour produire du vin depuis des siècles. L’espace naturel contribue à magnifier la musique. La réception de l’œuvre en est fondamentalement modifiée : fêtée et poétisée, la musique entre en résonance avec l’histoire, avec nos identités culturelles souvent malmenées par la culture mainstream. Autre exemple parmi d’innombrables autres : Les brunchs sur télésiège à Champex, quant à eux, offrent l’opportunité unique de découvrir une perspective sans cesse changeante sur le lac et les montagnes alentours en dégustant des plats régionaux ; il en va de même pour un concert électro dans les gorges du Triège ou au cœur des Châteaux de Sion, Ainsi, tout le programme du palp regorge de propositions aussi folles qu’inspirées de manière à nous offrir un regard renouvelé sur les patrimoines bâti et naturel du Valais.
Jouer avec les clichés pour interroger le patrimoine
Qu’il s’agisse de la raclette comme pratique sociale, inscrite sur la liste du patrimoine immatériel du canton, de la culture de l’apéro et des produits du terroir, du paysage valaisan travaillé par l’homme, du panorama alpin unique, le palp mise sur des frictions surprenantes et vivifiantes entre tradition et modernité. Cependant, s’essayer à de telles rencontres implique aussi un ancrage extrêmement solide au cœur du territoire : en effet, on peut imaginer les réticences suscitées lors des premières rocklettes par les fromagers, la difficulté à pouvoir jouer dans certains lieux… Ainsi le programme du palp est le témoignage, en filigrane, d’un réseau de contacts, d’échanges et de négociations souvent complexes et qui pointent peut-être l’une des recettes du palp : celui-ci ne peut exister sans un soutien inconditionnel d’innombrables partenaires, qu’ils soient publics ou privés, issus de la restauration, du tourisme, de la culture et j’en passe. Et cela ne peut exister sans relations de confiance, et qui dit confiance dit dialogue et compréhension des enjeux mutuels.
Régénérer le territoire à travers un centre d’innovation et de recherche
Le volet peut-être le moins visible de cette organisation culturelle protéiforme mais certainement la plus visionnaire se trouve dans l’idée de créer un centre d’innovation en région de montagne. On se rappelle l’arrivée du festival à Bruson, village situé dans le Val de Bagnes, et sa proposition accueillie avec succès par la population du village de rouvrir l’épicerie du village. Le palp y installe son bureau, sa billetterie et y vend entre autres des produits locaux, créant ainsi un joli effet boule de neige qui entraine une nouvelle dynamique sociale au sein du village. D’autres projets s’ajoutent au fil des années. En 2021, le palp se lance dans un projet participatif, invitant les gens de Bruson à exprimer leurs rêves pour le village en collaborant avec des artistes, dessinateurs ou bédéistes. Les projets œuvres sont exposés cet été et le projet le plus intéressant sera mis en œuvre. L’ADN du palp ne se limite pas à créer à programme artistique et culturel : il s’engage à tisser un réseau de partenaires animés par les mêmes rêves et à s’ancrer de manière pérenne dans le territoire, lançant grâce à sa présence de nouvelles opportunités économiques pour d’autres. En d’autres termes, le palp développe progressivement ce que les théoriciens de l’économie alternative nous invitent à faire : déployer une économie solidaire et régénérative, qui s’appuie sur les actifs du territoire (le paysage, les compétences et les entreprises locales), vise à la réactiver et à créer de nouvelles opportunités économiques pour les producteurs locaux et l’ensemble de l’écosystème régional.
Une affiche de l’exposition de Matthieu Berthod, palp festival 2021
Un décalage salutaire pour mieux inventer ?
Est-ce grâce à une équipe provenant d’horizons divers ? Est-ce aussi grâce aux origines nordiques de Sébastien Olesen, son directeur, la Scandinavie étant fréquemment à la pointe en termes d’innovation ? La force du palp consiste à modifier notre regard sur les pratiques artistiques, sur les forces d’expression conjuguées de l’art et du territoire et à revaloriser les ressources auxquelles nous n’osions peut-être plus croire pour reconstruire un véritable écosystème culturel, artistique et économique local.
Cependant, malgré son succès, le modèle économique du palp reste encore fragile. En effet, si les concerts et les événements trouvent des soutiens, force est de constater qu’il est encore extrêmement difficile de financer de manière adéquate les projets relevant à la fois de la cohésion sociale, de la régénération économico-sociale et de la culture, comme les projets menés dans le village de Bruson, qui ont un impact réel sur la revitalisation du territoire et de son économie. Il en va de même pour les projets plus exploratoires, comme ceux qui sont menés sur les cultures maraîchères délaissées au cours des dernières décennies, ou d’autres projets de recherche sur le patrimoine et les opportunités de réactualisation. Si l’Etat du Valais soutient autant que possible de palp à travers le Service de l’économie, du tourisme et de l’innovation et le Service de la culture, la question du financement à moyen et long terme des activités innovantes et « inclassables » du palp se pose. Alors que les nouvelles économies durables représentent des opportunités inédites, force est de constater que le sponsoring et le mécénat ouverts à des modèles économiques inédits a encore de beaux jours devant lui.
A l’occasion de ces temps étranges que nous vivons, voici un article que j’ai publié dans Le Nouvelliste ce jour sur la relation entre les masques au théâtre et dans la vraie vie. C’est aussi l’occasion d’annoncer le projet sur lequel je travaille actuellement avec bonheur : une exposition dédiée aux masques de Werner Strub à la Fondation Bodmer, en collaboration avec Jacques Berchtold, directeur de la Fondation Bodmer. Le catalogue sera publié chez les Editions Noir sur Blanc. Vernissage le 15 octobre ! Welcome
Dans cet article, E. Demarcy-Mota aborde des points centraux concernant l’avenir « cum aut sin » COVID 19 avec réalisme et inventivité. D’abord, il s’est interrogé sur la meilleure manière de maintenir le lien avec son équipe, ses réseaux artistiques, ses partenaires et ses autorités de tutelles et a trouvé la solution qui lui semblait correspondre le mieux à « sa » vision de la relation sans céder aux sirènes zoomiennes et autres.
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Ensuite, en tant que directeur du Festival d’Automne, il voit la nécessité de repenser dès à présent toute la configuration du festival, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités, au détriment, évidemment de siècles d’histoires architecturales et d’usages acquis et intégrés. Il ébauche des pistes pertinentes, avec ses « consultations poétiques », pour réinventer les formes des arts vivants, la relation aux publics et l’élargir davantage encore. Finalement, il pose la question de nouvelles configurations et de responsabilités entre publics, artistes, autorités de tutelles, partenaires, montrant bien que c’est une partie importante de la politique culturelle qu’il convient de réexaminer à l’aune des conséquences du COVID 19. Bonne lecture !
Je saisis cette occasion pour partager avec vous en ces temps singuliers quatre idées suscitées par cette situation, d’autres venant de mon voyage sabbatique en Asie et Australie ainsi que de mes lectures et observations. Ce ne sont en l’état que des impressions encore peu conceptualisées que je me réjouis de discuter avec vous. Pour illustrer cela, quoi de mieux que cette image de l’installation superbe de Pauline Curnier Jardin, à l’Arsenal, au cours de la Biennale 2017.
Pauline Curnier Jardin, Biennale de Venise 2017
Back from my trip throughout Asia and Australia, I will regularly publish over the next few months the impressions and things I learned from the outstanding people who welcomed me and were kind enough to answer my questions. No scientific articles at this stage, but rather questions that arise by identifying differences or similarities. These insights will then lead to articles and feed into my classes.
Meeting with Seb Chan, Chief Experience Officer at ACMI – Melbourne Previously Cooper Hewitt (NYC) & Powerhouse Museum (Sydney).
Shadow Monsters (2005) Philip Worthington – Part of the old exhibition in ACMI, January 2019.
It’s all about having an overall and holistic position which can link the different départements and especially create an holistic experience for the client / user / visitor. It is a way of moving us away from our old way of thinking in terms of « silos », departments or services related to certain jobs rather than thinking of cultural institutions in terms of the visitor’s experience. Quite rightly, are we always sufficiently attentive to the way we think about the « visitor’s journey », from the moment the institution appears on its radar to the moment he or she leaves a show or exhibition, via ticketing, public relations, mediation, events, etc. ? The same thought obviously applies to internal processes. How could the organisational chart be organised so that so that the processes run smoothly?
Then I took a look at the skills needed for this new transversal profession : The CXO is primarily a catalyst and a kind of driving force for dynamism, interaction and sometimes change in the company. He actively participates in the « design » of new products. More concretely, experience in marketing, analytical skills and creativity are needed.
It will be interesting to see to what extent this profession will also be deployed in Europe-Switzerland in the field of art.
Intéressante étude sur les publics mandatée par le Service de la culture de la Ville de Lausanne et conduit par Olivier Moeschler, sociologue, Dr. ès sciences sociales